Je ne reconnais plus
mon pays. Je ne reconnais plus la France de mon enfance.
J'ai grandi à la
campagne. Pas la campagne profonde et ses villages moribonds. Non, la
campagne autour d'une préfecture, dans un gros village, avec ses
deux boulangeries, son église, sa boucherie, le café, et les 2
écoles, la laïque et la catho.
D'ailleurs, ces 2
écoles, c'était la blague, on était pas en classe ensemble, mais
on se retrouvait dans les activités autour, la musique, le cathé,
la gym, la danse ou le basket pour les filles, le foot pour les
garçons. C'était les années 80. On était ceux qui auraient 20 ans
en l'an 2000. On célébrait les 200 ans de la Révolution. La
liberté, la fraternité. Bon, entre petits blancs de la campagne.
Pas vraiment de mixité dans mon école, tous sortis du même moule.
Pour la plupart, ni pauvre, ni riche. Des parents qui travaillent,
qui partent en vacances avec le CE de leur entreprise. Ce mur qui
tombe à la télé, à l'automne 89 sans qu'on comprenne bien ce
qu'il signifait.
Collège, début des
années 90, Goldmann chante Rouge à la radio dans le car de
ramassage scolaire, ces idées trop belles, autant crever pour elles.
La mixité au collège un peu, quelques noms qui sonnent comme
là-bas, au Sud, mais si peu, gouttes d'eau au milieu des Alexandre,
des Émilie, etc.
Berlin en 91, en
voyage scolaire, le mur est tombé, mais la frontière reste visible,
dans l'architecture, dans les voitures
Lycée, le bac,
Malraux et Hugo pour le français. Entre ici Jean Moulin ou
serviteurs qui pillent la maison. La mixité a à nouveau disparu.
C'est un lycée avec classe prépa scientifique, beaucoup partiront
en prépa, en école d'ingénieur, d'autres en BTS. Un lycée de bons
élèves, sans problèmes. Les manifs contre le SMIC Jeune font
fermer les grilles. Certains participent, surtout pour sêcher les
cours. Une bombe saute dans le RER, c'est un voyage scolaire annulé.
Pour moi, pour nous,
l'Islam, c'est 2-3 cours d'histoire au collège, rien au lycée.
Études, travail,
re-étude, arrivée à Paris. Le choc des visages fermés dans le
métro, les couleurs de peau diverses. Les avances d'inconnus dans la
rue, le froid (ça caillait vraiment cet hiver-là). Mais aussi les
amis, refaire le monde au 1er samedi.
Les migrants font la
une.
Et à nouveau, la
haine, les armes. Je ne comprends pas. Je ne veux pas comprendre
comment on peut en arriver là. J'ai envie de croire, qu'au fond de
chacun de nous, on rêve de bisounours et de chatons.
On m'a appris
qu'être humain, c'était aimer les autres. On m'a appris que
liberté, égalité, fraternité, ça existait vraiment.
Je ne sais plus si
je dois le croire
PS - 18h20 : je lis la presse qui rapporte le discours de Hollande à Versailles. État de guerre. Ici, aujourd'hui.
La liberté, la fraternité ont disparu derrière la peur. Heureusement, il y a Twitter, il y a IRC, il y a ces inconnus qui refusent la violence, la guerre. Il y a un humoriste américain qui nous fait sourire malgré la détresse.
J'ai envie de sortir ce soir, d'embrasser des inconnus dans la rue, de leur rouler des pelles et les peloter, de boire, de danser, de chanter, de me forcer à m'amuser, à me lâcher, comme pour dire à ces crétins d'aller se faire voir. Je vais sûrement rentrer sagement chez moi, revenir demain au bureau, avec les militaires à l'entrée, le badge en évidence. Mais une partie de moi aurait préféré sortir
PS - 18h20 : je lis la presse qui rapporte le discours de Hollande à Versailles. État de guerre. Ici, aujourd'hui.
La liberté, la fraternité ont disparu derrière la peur. Heureusement, il y a Twitter, il y a IRC, il y a ces inconnus qui refusent la violence, la guerre. Il y a un humoriste américain qui nous fait sourire malgré la détresse.
J'ai envie de sortir ce soir, d'embrasser des inconnus dans la rue, de leur rouler des pelles et les peloter, de boire, de danser, de chanter, de me forcer à m'amuser, à me lâcher, comme pour dire à ces crétins d'aller se faire voir. Je vais sûrement rentrer sagement chez moi, revenir demain au bureau, avec les militaires à l'entrée, le badge en évidence. Mais une partie de moi aurait préféré sortir